1. Les débuts fascinants : Les premiers affrontements européens
Imaginez l’effervescence des tout premiers jours du football, où déjà en 1895, les champions anglais et écossais se rencontraient dans ce qui fut baptisé la « Coupe du Monde de 1895 ». Sunderland, pourtant aligné d’un onze exclusivement composé de joueurs écossais – ces fameux « Scotch Professors » venus d’ailleurs pour jouer en Angleterre – triompha sur Heart of Midlothian avec un 5–3 riche en émotions. Bien avant l’ère des ligues bien établies, des compétitions comme ces « Football World Championships » se déroulaient entre vainqueurs de coupes anglaise et écossaise, préparant le terrain pour des confrontations internationales qui allaient changer la face du football.
2. Les compétitions précurseurs : Du Challenge Cup au Sir Thomas Lipton Trophy
Les compétitions européennes remontent plus loin qu’on ne le pense. En 1897, la Challenge Cup voit le jour dans l’Empire austro-hongrois, réunissant des clubs qui, en temps normal, ne se rencontreraient jamais en compétition. Ce tournoi, qui dura jusqu’en 1911 avec le Wiener Sportclub en souvenir, pose les premières pierres d’un édifice européen. Parallèlement, le Sir Thomas Lipton Trophy se jouait en 1909 et 1911 à Turin – une rencontre entre clubs venus d’Italie, d’Allemagne, de Suisse et d’Angleterre – marquant la volonté de rassembler les meilleures équipes du Vieux Continent. Ces tournois, bien que différents dans leur organisation, annoncent la soif d’unir les nations par la passion du ballon rond.
3. La naissance d’une idée révolutionnaire : La création de la Coupe d’Europe
Entre 1948 et 1955, l’idée d’une compétition pan-européenne se met en place, inspirée par le succès du Campeonato Sudamericano de Campeones en Amérique du Sud – le précurseur de la Copa Libertadores. Le journaliste sportif français Jacques Ferran, aux côtés de Gabriel Hanot de L’Équipe, fut l’un des instigateurs majeurs de cette révolution. Dans un entretien passionné, Ferran se rappelait : « Comment l’Europe, qui voulait être en avance sur le monde, pourrait ne pas suivre l’exemple sud-américain ? » Et c’est ainsi que, grâce à des discussions enflammées et des débats passionnés, l’idée d’un championnat européen est née, ouvrant la voie à la première édition de la Coupe d’Europe dès la saison suivante, en avril 1955.
4. La domination éclatante de Real Madrid (1955-1960) : L’aube d’une légende
Dès ses débuts, la Coupe d’Europe se trouve marquée par la domination phénoménale du Real Madrid. Porté par des légendes telles que Ferenc Puskás, Alfredo Di Stéfano, Francisco Gento et José Santamaría, le club espagnol a remporté les cinq premières éditions avec une aisance déconcertante. Bien qu’il y ait eu quelques oppositions, notamment du Stade de Reims de France et de clubs italiens comme Milan et Fiorentina, aucun ne parvint à briser l’impériale série madrilène. Il faut aussi se souvenir que déjà en 1955, le club écossais Hibernian faisait vibrer les cœurs britanniques en atteignant les demi-finales, un avant-goût des confrontations internationales épiques. Un détail croustillant : Chelsea, pourtant champion d’Angleterre, fut empêché d’entrer dans la compétition par Alan Hardaker, secrétaire de la Football League, prônant ainsi une vision plus « saine » du football anglais.
5. L’ascension portugaise de Benfica (1961-1962) : Le renouveau à la saveur méditerranéenne
Après la suprématie madrilène, la saison 1960-61 bascule lorsque Barcelona, vainqueur de Real Madrid, se heurte à l’arrivée tonitruante de Benfica. Bien que les Barcelonais aient offert une résistance acharnée, c’est finalement Benfica qui se hisse jusqu’à la finale du Wankdorf Stadion à Berne, se voyant sacrifier sur un score de 3–2. La magie ne s’arrête pas là : lors de la saison suivante, en 1961-62, portés par le charismatique Mário Coluna et la grâce légendaire d’Eusébio, Benfica défend fièrement son titre en démolissant Real Madrid 5–3 dans un match mémorable à l’Olympisch Stadion d’Amsterdam.
6. La maîtrise milanaise (1963-1965) : L’Italie sous les projecteurs de la compétition
Après deux succès consécutifs de Benfica, l’Italie décide de marquer son territoire. En 1963, lors d’une finale serrée, Benfica se retrouve battu par Milan. Ce revers marque le début d’une ère italienne, avec Inter Milan s’imposant par la suite en 1964 et 1965 dans des finales palpitantes contre Real Madrid et Benfica. La rivalité et la passion du football italien se déploient sous nos yeux, en offrant des matchs pleins de tactiques subtiles, de dribbles endiablés et de buts spectaculaires, illustrant parfaitement l’âme d’un football où l’art rencontre la stratégie.
7. Le retour triomphal de Real Madrid en 1966 : Une revanche pleine de fierté
Le Real Madrid, ce titan européen, ne pouvait rester sur le banc de touche. En 1966, après avoir vaincu l’Inter lors des demi-finales, ils reprennent leur envol en remportant leur sixième Coupe d’Europe face à FK Partizan, au Heysel Stadium de Bruxelles. C’est l’époque où, contrairement aux équipes multiculturelles d’antan, la formation madrilène affichait désormais un effectif entièrement espagnol, symbolisant à la fois un retour aux sources et une nouvelle ère pour le club. Seul Francisco Gento, par son incroyable longévité, fut présent dans ces six conquêtes, rappelant à tous que la passion et le sacrifice forgent les légendes.
8. La saga des Lisbon Lions (1967) : Un exploit venu du nord de l’Europe
Qui aurait cru qu’un club écossais, Celtic, parviendrait à réécrire l’histoire en 1967 ? Sous la houlette du charismatique Jock Stein, Celtic renverse la vapeur lors d’une finale inoubliable au Estádio Nacional de Lisbonne. Après être mené 1–0 suite à un penalty controversé attribué à Sandro Mazzola, l’équipe rebondit avec une détermination sans faille pour s’imposer 2–1 face à l’Internazionale. Surnommé les « Lisbon Lions », ce groupe d’hommes, tous nés à moins de 50 km du Celtic Park de Glasgow, incarne l’esprit du football pur et sincère, celui où la volonté et le cœur priment sur tout le reste.
9. Manchester United, pionnier anglais (1968) : La revanche d’un rêve brisé
Les années 60 ne seraient pas complètes sans l’émouvante rédemption de Manchester United. En 1968, dix ans après la tragédie du crash de Munich, les « Red Devils » se dressèrent avec courage pour devenir la première équipe anglaise à décrocher la Coupe d’Europe. Face à Benfica, qui avait déjà offert de belles émotions, United triompha 4–1 après prolongation, dans un final disputé au mythique Wembley Stadium de Londres. La victoire fut d’autant plus savoureuse qu’elle représentait la renaissance d’un club meurtri, avec des figures emblématiques comme Bobby Charlton – auteur de deux des quatre buts – et Bill Foulkes, survivant de cette terrible épreuve. Ce moment résonne encore dans le cœur des supporters, symbole d’un renouveau et d’une force collective plus forte que jamais.
10. AC Milan en 1969 : L’italien qui ouvre la voie et l’émergence de l’Ajax
En 1969, l’AC Milan s’impose en offrant à l’histoire une touche italienne distinctive. En éliminant fièrement les précédents vainqueurs au fil des rencontres, Milan se retrouve en finale contre l’Ajax néerlandais. Ce match marque le début de l’émergence des équipes néerlandaises, préfigurant l’ère du « Total Football ». L’AC Milan, avec sa robustesse et son élégance tactique, aura laissé sa marque dans l’histoire en prouvant que la compétition européenne pouvait être un véritable théâtre de surprises et de confrontations d’exception.
11. La domination néerlandaise (1970-1973) : Quand Feyenoord et Ajax réécrivent les règles du jeu
Le début des années 70 voit un changement de garde palpable dans la compétition européenne. En 1970, le Feyenoord de Rotterdam insuffle un vent nouveau en devenant le premier club néerlandais à soulever le trophée, après une victoire arrachée 2–1 contre Glasgow Celtic lors d’une finale qui se décida aux prolongations. Mais ce succès n’était que le prélude. Rapidement, l’Arsenal d’Ajax, sous la houlette de leur visionnaire coach Rinus Michels et portés par la magie de Johan Cruyff et Johan Neeskens, allait dominer la scène en remportant trois finales consécutives. Ajax démontre que le « Total Football » n’est pas qu’une simple tactique, mais une philosophie de jeu capable de submerger des adversaires venus des quatre coins d’Europe – de Panathinaikos à l’Inter Milan, et jusqu’à Juventus.
12. L’épopée bavaroise (1974-1976) : Le triplé légendaire de Bayern Munich
Les années 1970 ferment le bal européen avec l’ascension spectaculaire de Bayern Munich. Dans une série de finales mémorables, le club allemand, emmené par l’incomparable Franz Beckenbauer et épaulé par des figures telles que Sepp Maier, Gerd Müller, Uli Hoeneß, et Paul Breitner, réussit un véritable triplé. Le premier acte de cette épopée se déroule lors d’un match contre Atlético Madrid : après un match nul marqué par un but tardif de Hans Georg Schwarzenbeck, un match retour enflammé à Bruxelles voit les Bavarois écraser leurs adversaires 4–0. L’année suivante, dans un match controversé et parfois qualifié de corrompu par certains critiques, Leeds United est éliminé 2–0 lors d’une finale houleuse au Parc des Princes à Paris. Pour clore ce chapitre, en 1976, Saint-Étienne se voit surpassé, confirmant ainsi que le Bayern Munich avait bel et bien trouvé la clef de la suprématie européenne. Cette période fut un concentré de drames, de rivalités intenses et de moments de grâce qui résonnent encore dans l’histoire du football.
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